samedi 9 août 2008

Une expérience de K


« Il faut se méfier des ingénieurs. Ça commence par la machine à coudre et ça finit par la bombe atomique. »

Marcel Pagnol

Une fois n'est pas coutume, livrons-nous si vous le voulez bien, à une petite expérience.

Il s'agit d'une méthode à la portée de toutes et tous, qui vous permettra d'évaluer l'intensité relative du rayonnement électromagnétique (micro-ondes) émis par les divers éléments de votre environnement. Pour mener à bien cette expérience, vous aurez besoin de :

1) Une radio portative qui capte la bande AM.

2) Rien d'autre!

Maintenant, passons aux préparatifs. Allumer votre radio. Sélectionner la bande AM. Régler le syntonisateur au début de la bande AM, à un endroit où vous ne captez aucun poste. Régler le volume à un niveau moyen. Vous devriez entendre un léger bruit de fond. Voilà, l'expérience peut commencer.

Il s'agit de promener votre radio à proximité (quelques centimètres) des éléments que vous désirez évaluer. Par exemple; ordinateurs, écrans, photocopieurs (en marche), imprimantes, borne Wi-fi, antenne Wi-fi d'ordinateurs portables, tuyaux divers, fours micro-ondes (en marche) téléphones cellulaires ou sans-fils... enfin, tout ce qui vous passe par la tête, au travail, à la maison ou ailleurs. Le niveau du bruit d'interférence qu'émettra la radio vous donnera une bonne indication de l'intensité du rayonnement électromagnétique émis par la source que vous aurez choisi de tester.

Vous serez peut-être quelque peu ébranlés par les résultats. On le serait à moins. Sachez toutefois que l'intensité du rayonnement diminue en fonction du carré de la distance (hum... les cours de physique sont loin...). Mais aussi que les effets supputés sont liés à la durée de l'exposition comme à son intensité. (1) Certains appareils ont aussi un niveau d'émission variable. Par exemple une borne Wi-fi émettra à une puissance correspondante à la demande. Il est aussi intéressant de savoir que tous les fours micro-ondes devraient être parfaitement étanches... vérifiez, juste pour voir (et entendre)!

« Il est hélas devenu évident aujourd'hui que notre technologie a dépassé notre humanité. »

Albert Einstein

Nous vivons maintenant dans un grand four micro-ondes planétaire. Quels seront les effets à long terme de cette situation sur notre santé et notre environnement? Je n'ai pas de réponse à cette question. (2), Mais l'histoire récente nous a montré que la fuite en avant des technologies sans que l'on applique le principe de précaution s'est souvent avérée désastreuse. D'autant que dans notre économie mercantile, les technologies sont généralement développées pour combler les désirs des victimes du département de marketing plutôt que leurs besoins réels.

Simplement vôtre.

K.

(1) Vous vivez à deux pas d'une tour d'antennes de téléphonie cellulaire... Pas de chance!

(2) On pourra cependant consulter l’édifiant reportage de l'émission Découverte de la SRC (d'où cette expérience est tirée) à l'adresse suivante :

http://www.radio-canada.ca/actualite/v2/decouverte/niveau2_liste89_200804.shtml#

Les 100 postes promis: éléphant ou souris


Il semble qu’il est de pratique courante, dans notre syndicat, d’adopter, lors d’un même vote, ET la nouvelle convention collective, ET des lettres d’entente qui traitent de toutes sortes de sujets disparates. Bien sûr, on nous lit les lettres d’entente pendant l’Assemblée de sorte qu’on ne peut pas dire qu’on n’était pas au courant… Mais il arrive qu’une simple lecture, sans recul pour analyser, nous fasse voir un éléphant là où il n’y a qu’une souris.

L’entente E.V. 2007-1006, adoptée en même temps que la convention collective, promet la création de 100 nouveaux postes permanents au cours de l’année 2008 (qui est fort avancée, admettons-le). «Ciel! Un éléphant!» se sont dit les membres (et moi-même, je l’avoue…). Mais, la surprise passée, avec un certain recul, en ramenant ce chiffre à sa dimension réelle, qu’en est-il vraiment?

Notre syndicat regroupe, nous dit-on, 8 500 membres. Dans un article paru dans le Col Blanc de juin 2004 et intitulé «Auxiliaires, mêlez-vous de vos affaires!», Mme Francine Bouliane, alors directrice syndicale et membre du comité des membres à statut précaire (aujourd’hui, elle est vice-présidente du syndicat), parle des «(…) quelque 5000 auxiliaires de la Ville de Montréal, tous arrondissements confondus». Alors, 100 nouveaux postes permanents sur 5 000 auxiliaires, c’est mieux que rien, bien sûr, mais cela ne fait pas beaucoup : 2%!

Cependant… ces 100 nouveaux postes permanents ne toucheront pas l’ensemble des auxiliaires de la Ville, seulement ceux de trois secteurs : les bibliothèques, l’application des règlements de stationnement et les grands centres. Les bibliothèques se verront attribuer, selon cette entente, 45% des 100 nouveaux postes permanents, autrement dit 45.

La Ville de Montréal compte 43 bibliothèques : 17 dans les anciennes banlieues et 26 dans l’ancienne Ville de Montréal. Si la répartition se fait équitablement entre les bibliothèques, cela voudrait dire que les 26 bibliothèques de l’ancienne Ville de Montréal se verront attribuer 27 nouveaux postes permanents.

En date du 18 avril 2008, la «Liste d’ancienneté – port d’attache» de la banque réseau (qui ne concerne que les 26 bibliothèques et les services centralisés de l’ancienne Ville de Montréal) indique que 312 auxiliaires (technicienNEs et aides-bibliothécaires) travaillent dans le réseau. Les 28 plus anciens (technicienNEs et aides-bibliothécaires confondus) ont toutes et tous plus de 18 200 heures d’ancienneté, soit l’équivalent de plus de 10 ans fermes de travail à 35 heures/semaine.

Si les plus anciens obtiennent les 27 nouveaux postes permanents, cela voudra dire que 8,7% des auxiliaires des bibliothèques deviendront permanents et qu’il en restera 285 sans permanence (dont le plus ancien aura plus de 18 200 heures d’ancienneté comptabilisées en avril 2008)!

Cela coule de source, le propos ici n’est pas de dire que les 45 nouveaux postes permanents dans les bibliothèques ne sont pas nécessaires : simplement que ce n’est pas assez, et de loin. Actuellement, les aides-bibliothécaires auxiliaires assument autour de 60% des heures travaillées dans les bibliothèques. Avec l’addition hypothétique de 1 poste permanent par bibliothèque, le ratio des heures travaillées par les auxiliaires devrait être autour de 50%! Nous sommes encore dans l’aberration.

Pour ne donner qu’un exemple, les Affaires sociales (à l’époque où ils étaient membres de notre syndicat), avaient obtenu un ratio d’un maximum de 20% de travail auxiliaire…

On nous dira que ce n’est qu’un début… Soit! La suite, s’il y en a une, devrait être une lettre d’entente qui dirait qu’en 2009, il y aura aussi 45 nouveaux postes permanents dans les bibliothèques, n’est-ce pas? Cela pourrait donner une chance à la souris de grossir…

Origine des auxiliaire -deuxième partie


Dans le précédent article[1] , nous avons raconté comment apparurent les auxiliaires et à quel point la situation des étudiants selon l’actuelle convention rappelle celle de ces premiers auxiliaires. Reprenons l’histoire là où nous l’avions laissé.

Six ans après la convention collective de 1969 qui encadre et limite pour la première fois l’embauche d’auxiliaires non syndiqués, le Col Blanc rapporte déjà une augmentation inquiétante de leur nombre. Ils représentent alors de 10% à 15% de la main-d’œuvre dans les deux seuls modules où la convention les autorise : les Sports et loisirs et les Finances. La ville prétexte alors des retards involontaires dans le processus de recrutement d’employés permanents pour justifier leur embauche[2].

De 1975 à aujourd’hui, on a pu observer deux mouvements : d’une part, les auxiliaires améliorent progressivement leurs conditions; d’autre part, la ville obtient d’étendre leur emploi à presque tous les secteurs et cesse finalement toute création de postes permanents.

L’amélioration des conditions

De 1975 à 1982, les auxiliaires deviennent membres du syndicat : ils versent des cotisations et peuvent voter aux assemblées. Ils obtiennent des augmentation salariales. On leur accorde de figurer sur une liste d’éligibilité pour la permanence. On leur verse 4% sur chaque paie en guise de prime pour leurs vacances. Toutefois, s’ils ont désormais un droit de grief, on ne peut pas dire qu’ils soient réellement protégés : le Col Blanc de mai 1982 rapporte le harcèlement dont ils sont encore trop souvent victimes, l’absence de protection de leur emploi, le non-paiement des heures supplémentaires, etc[3].

La convention de 1982, définit le droit de rappel accordé aux auxiliaires : après 840 heures travaillées, si l’employeur peut encore couper les heures à quelqu’un parce que le travail manque, il ne peut simplement le congédier. Le travailleur garde son lien d’emploi avec la ville et est inscrit sur une liste d’éligibilité pour les prochaines offres.

En 1994, une nouvelle convention permet de nouveaux gains dont : le paiement des jours fériés, l’augmentation des salaires en mars de chaque année, le droit de s’absenter pour des raisons familiales (maladie ou décès d’un proche)[4].

Et finalement, les progrès des dernières conventions qu’il n’est sans doute pas nécessaire de rappeler ici…

La multiplication des auxiliaires

Pendant ce temps, la ville négocie, de convention en convention, la possibilité de faire travailler des auxiliaires dans toujours plus de secteurs. En 1977, la Voie publique (qui deviendra les Travaux publics) ainsi que les Relations publiques s’ajoutent aux Sports et loisirs et aux finances. Deux ans plus tard, c’est au tour de la Commission d’initiative et de développement économique de Montréal (CIDEM), des Immeubles et des Activités culturelles[5]. Et ainsi de suite…

De cette façon, la ville augmente sans cesse le nombre d’auxiliaires et diminue celui des permanents. En 2000, selon un article du Col Blanc, les auxiliaires sont au nombre de 1800[6]. Six ans plus tard, notre présidente, Monique Côté, évalue leur nombre à plus de 4000, soit plus de la moitié des membres du syndicat[7].

Si le passé est garant du futur…

Au départ, les auxiliaires ne devait être embauchés que lorsqu’il y avait un surcroît de travail et pour une durée n’excédant pas huit mois. Cela devait sans doute rendre leur présence acceptable aux yeux de leur confrères et donner bonne conscience aux instances syndicales. Toutefois, la ville a profité de ce qui devait être une mesure d’exception pour en faire la règle. Toutes les limitations et les restrictions prévues par le syndicat se sont révélées vaines. Malgré d’important gains, le syndicat n’est toujours pas parvenu, quarante ans plus tard, à effacer toutes les conséquences de cette faute originelle… et le voilà qui accepte la création d’une nouvelle catégorie d’employés non syndiqués : les étudiants ! Puisse la connaissance de l’histoire empêcher sa répétition.

[1] « De l’origine des auxiliaires », Le Colvert, juin 2008. [2] Houle, Christian. « À la recherche de l’ auxiliaire perdu ! » Col Blanc, février 2000. [3] Grandchamps, André. « À la recherche de l’homo auxiliarius : les années 80 » Col Blanc, novembre 2000. [4] Grandchamps, André. « À la recherche de l’homo auxiliarius (suite et fin) », Col Blanc, avril 2001. [5] Houle, Christian. « À la recherche de l’ homo auxiliarius ! » Col Blanc, juin 2000. [6] Morin, Daniel. « La précarité chez les cols blancs ça se conjugue avec auxiliaire ! » Col Blanc, février 2000. [7] DUBUC, Pierre. « Les papes maudits » L’aut’journal, no235, octobre 2006.

La Banque en folie


Décidément , rien ne va plus avec la Banque réseau. Depuis janvier, on l’a réduite à sa plus simple expression: une liste de noms qui se trimballe par fax de Brennan vers les arrondissements. Et pendant que les arrondissements s’acharnaient à la mettre en pièces, ils se concoctaient des petites réserves d’auxiliaires à travers des formations dans les bibliothèques qui relevaient de leur « autorité ». [1]

Ainsi, en mai, au moment de faire les blocs d’heures pour la session d’été, les bibliothécaires se sont retrouvés avec des listes datées du 18 avril et qui comportaient tellement d’erreur dans l’attribution des ports d’attache qu’il semblait évident qu’il ne se faisait plus de véritable suivi à ce qu’on appelle encore la Banque réseau, faute de mieux.[2]

Suite à une série de plaintes sur des cas litigieux, voilà qu’au début juillet, parvient dans les bibliothèques une nouvelle liste que l’on dit corrigée.[3] Elle est toujours datée du 18 avril. Bien que l’on retrouve sur cette liste certaines corrections, personne ne sait vraiment si elle constitue une véritable révision de la liste précédente (auquel cas, il aurait fallu, dans certaines bibliothèques refaire l’attribution des blocs) ou s’il s’agit simplement de la nouvelle liste suite à l’attribution des blocs pour l’été.

Il y a deux choses dont on est sûr: la date (toujours le 18 avril) et le nombres d’heures attribués aux auxiliaires et qui, dans les deux listes n’a pas changé.

Arrive le moment où il faut distribuer les blocs d’heures pour la période de

l’automne. La seule liste que l’on possède, c’est toujours la liste révisée envoyée en juillet avec des heures que nous présumons comptabilisées en avril. Nous savons tous l’importance que peut revêtir une différence d’une heure entre deux auxiliaires lors de l’attribution des blocs. Alors, plaintes et re-plaintes.

Le 10 août arrive enfin une liste où les heures travaillées semblent avoir été comptabilisées correctement. La distribution pourra se faire. Mais voilà qu’une surprise de taille attend les auxiliaires de l’arrondissement du Bonheur durable (AH-CA). La liste des ports d’attache comprend des noms de personnes qui n’ont jamais eu de blocs d’heures[4] dans les bibliothèques de l’arrondissement.

Vérification auprès de l’arrondissement qui dit ne pas vouloir perdre des auxiliaires qu’il a formé et en avoir informé le responsable de la liste qui, pour lui complaire, leur a octroyé des ports d’attache.[5] On rappelle à ce responsable l’existence de la Lettre d’entente qui détermine l’attribution du port d’attache et, en plus, on lui fait remarquer que les noms ajoutés pourraient se voir donner des heures à la place de personnes qui sont déjà en place et que, par conséquent, il s’expose à des dépôts de griefs.

Après quelques tergiversations de sa part, une deuxième version de la liste du 10 août est envoyée remédiant, pour l’instant, à ce problème.

Décidément , rien ne va plus avec la Banque réseau.



[1] Un peu confondant comme fin de phrase. Peut-être serait-il plus limpide de finir la phrase là… ou d’ajouter, après réserves et entre guillemet : «personnelles».

[2] Pour que ça sonne bien, peut-être mettre «faute de mieux» immédiatement après «…ce qu’on appelle encore, faute de mieux, la Banque réseau». C’est une question de choix.

[3] Ce qui était corrigée, c’était, si je m’en souviens bien, les ports d’attache. La mise à jour de l’ancienneté n’avait pas été faite… Peut-être le préciser, même si on en parle au paragraphe suivant.

[4] Ce bout de phrase, vu son importance, je le soulignerais ou le mettrais en gras, ou les deux!

[5] Il y a beaucoup de «qui», de «leur»… de complément d’objet dans cette courte phrase. Peut-être formuler dans le style suivant : «Vérification auprès de l’arrondissement : on nous dit ne pas vouloir perdre des auxiliaires que l’on a formé et en avoir informé le responsable de la Banque réseau. Ce dernier, pour complaire à l’arrondissement, a octroyé des ports d’attache dans l’arrondissement à ces auxiliaires.»