Il semble qu’il est de pratique courante, dans notre syndicat, d’adopter, lors d’un même vote, ET la nouvelle convention collective, ET des lettres d’entente qui traitent de toutes sortes de sujets disparates. Bien sûr, on nous lit les lettres d’entente pendant l’Assemblée de sorte qu’on ne peut pas dire qu’on n’était pas au courant… Mais il arrive qu’une simple lecture, sans recul pour analyser, nous fasse voir un éléphant là où il n’y a qu’une souris.
L’entente E.V. 2007-1006, adoptée en même temps que la convention collective, promet la création de 100 nouveaux postes permanents au cours de l’année 2008 (qui est fort avancée, admettons-le). «Ciel! Un éléphant!» se sont dit les membres (et moi-même, je l’avoue…). Mais, la surprise passée, avec un certain recul, en ramenant ce chiffre à sa dimension réelle, qu’en est-il vraiment?
Notre syndicat regroupe, nous dit-on, 8 500 membres. Dans un article paru dans le Col Blanc de juin 2004 et intitulé «Auxiliaires, mêlez-vous de vos affaires!», Mme Francine Bouliane, alors directrice syndicale et membre du comité des membres à statut précaire (aujourd’hui, elle est vice-présidente du syndicat), parle des «(…) quelque 5000 auxiliaires de la Ville de Montréal, tous arrondissements confondus». Alors, 100 nouveaux postes permanents sur 5 000 auxiliaires, c’est mieux que rien, bien sûr, mais cela ne fait pas beaucoup : 2%!
Cependant… ces 100 nouveaux postes permanents ne toucheront pas l’ensemble des auxiliaires de la Ville, seulement ceux de trois secteurs : les bibliothèques, l’application des règlements de stationnement et les grands centres. Les bibliothèques se verront attribuer, selon cette entente, 45% des 100 nouveaux postes permanents, autrement dit 45.
La Ville de Montréal compte 43 bibliothèques : 17 dans les anciennes banlieues et 26 dans l’ancienne Ville de Montréal. Si la répartition se fait équitablement entre les bibliothèques, cela voudrait dire que les 26 bibliothèques de l’ancienne Ville de Montréal se verront attribuer 27 nouveaux postes permanents.
En date du 18 avril 2008, la «Liste d’ancienneté – port d’attache» de la banque réseau (qui ne concerne que les 26 bibliothèques et les services centralisés de l’ancienne Ville de Montréal) indique que 312 auxiliaires (technicienNEs et aides-bibliothécaires) travaillent dans le réseau. Les 28 plus anciens (technicienNEs et aides-bibliothécaires confondus) ont toutes et tous plus de 18 200 heures d’ancienneté, soit l’équivalent de plus de 10 ans fermes de travail à 35 heures/semaine.
Si les plus anciens obtiennent les 27 nouveaux postes permanents, cela voudra dire que 8,7% des auxiliaires des bibliothèques deviendront permanents et qu’il en restera 285 sans permanence (dont le plus ancien aura plus de 18 200 heures d’ancienneté comptabilisées en avril 2008)!
Cela coule de source, le propos ici n’est pas de dire que les 45 nouveaux postes permanents dans les bibliothèques ne sont pas nécessaires : simplement que ce n’est pas assez, et de loin. Actuellement, les aides-bibliothécaires auxiliaires assument autour de 60% des heures travaillées dans les bibliothèques. Avec l’addition hypothétique de 1 poste permanent par bibliothèque, le ratio des heures travaillées par les auxiliaires devrait être autour de 50%! Nous sommes encore dans l’aberration.
Pour ne donner qu’un exemple, les Affaires sociales (à l’époque où ils étaient membres de notre syndicat), avaient obtenu un ratio d’un maximum de 20% de travail auxiliaire…
On nous dira que ce n’est qu’un début… Soit! La suite, s’il y en a une, devrait être une lettre d’entente qui dirait qu’en 2009, il y aura aussi 45 nouveaux postes permanents dans les bibliothèques, n’est-ce pas? Cela pourrait donner une chance à la souris de grossir…