vendredi 9 mai 2008

Les bibliothèques de Montréal : laisser pour compte? Un exemple: Le Prévost


Pour juger d’un service public comme les bibliothèques, il y a au moins deux facteurs importants qu’il faut considérer : le service fourni et les conditions de travail de celles et ceux qui sont en première ligne (aides-bibliothécaires, techinienNes et bibliothécaires).

Un article récent[1], basé sur les normes des grandes villes canadiennes et le Diagnostic des bibliothèques municipales de l’Île de Montréal posé en 2005, commente la situation de la bibliothèque Le Prévost. En fonction de la population desservie (80 000 dans le cas de Le Prévost), selon les normes canadiennes, la bibliothèque n’atteint que :

· 33 % en termes d’espace;

· 54 % en termes de collection (la norme canadienne prévoit 3 livres par habitant. Le Prévost n’en a que 1,5 alors que le ratio est de 7 livres par habitant dans les villes de Westmount, Pointe-Claire et Mont-Royal);

· 36 % en ressources professionnelles;

· 38 % en ressources cléricales.

Conclusion évidente : manque d’espace, manque de livres et manque de ressources humaines. Voilà pour le service fourni par la Ville de Montréal et ses arrondissements.

En ce qui a trait aux conditions de travail de celles et ceux qui sont en première ligne, c’est-à-dire nous, nous n’avons qu’à comparer deux chiffres : alors que Le Prévost n’atteint qu’environ 54 % des normes canadiennes en termes de collection, les ressources humaines sont de beaucoup plus déficientes (36 % en ressources professionnelles et 38 % en ressources cléricales). Donc, pas assez de livres eu égard à la population desservie et pas assez de travailleuses et travailleurs par rapport au nombre de livres!

Si on ajoute le fait qu’en augmentant le nombre d’heures d’ouverture publique des bibliothèques, on a diminué le nombre d’heures de travail fournie pour chaque heure d’ouverture publique[2], cela n’augure pas une éventuelle atteinte des normes canadiennes, bien au contraire.

Et tout ça basé sur les chiffres tout ce qu’il y a de plus officiel de la Ville de Montréal!

Pourtant, chaque parti politique municipal prétend faire de la culture une de ses priorités, quand il prendra le pouvoir…



[1] L’arrondissement envisage l’agrandissement de la bibliothèque Le Prévost, Progrès de Villeray, 16 septembre 2007.

[2] Par exemple, à la bibliothèque Côte-des-Neiges, à la session automne 2003 (38 heures hebdomadaires d’ouverture publique), chaque heure d’ouverture publique impliquait 11,9 heures travaillées par les aides-bibliothécaires alors qu’à la session hiver 2007 (47 heures hebdomadaires d’ouverture publique), chaque heure d’ouverture publique impliquait 10,9 heures travaillées par les aides-bibliothécaires : une (1) heure de moins de travail pour chaque heure d’ouverture publique!

Langelier, un aperçu


Que ce passe-t-il à Langelier ? À vrai dire on ne le sait pas trop. Mais ce qu'on sait n'est pas jojo. Faisons donc le point sur ce qui semble être la colonisation d'un service à la population par la gente administrative.

Premièrement souvenons-nous de la population de l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (particulièrement des Amis de la Bibliothèque) qui s'est soulevée contre la menace d'abolissement de poste(s) de bibliothécaire dans leur quartier au début de l'année 2007. Cette abolition de poste(s) allait de paire avec la venu de nouveaux cadres sur le plancher des biliothèques. En gros on voulait enlever des employés d'expérience pour les remplacer par des dirigeants plus ou moins au fait des besoins de la population mais très au fait des volontés de l'arrondissement nouvellement constitué. Cette abolition fut avortée, mise en veilleuse pour être plus précis.

Suite à cette première tentative de mainmise sur les services accessibles à la population, l'arrondissement MHM récidive 6 mois plus tard avec la signature d'une lettre d'entente particulière avec notre syndicat. En réalité, on nous dit que l'arrondissement était tellement intransigeant que le syndicat ne put que plier et circonscrire les frivoles demandes de l'administration MHM dans cette lettre d'entente. Le résultat est qu'on érige des murs autour de l'arrondissement, on le particularise. On ne permet ni plus ni moins que l'inéquité au seins de l'arrondissement ; une désolidarisation des employés d'en-dedans contre ceux d'en-dehors.

Revenons à l'abolition de poste(s) de bibliothécaire et au pistonnage de cadre dans l'arrondissement. Bien que le poste de bibliothécaire ne soit pas encore aboli, ce ne pourrait être que partie remise de la part de l'arrondissement. Parce que la nouvelle cadre sur le plancher depuis quelques mois menace directement un poste : pourquoi payer deux fois pour le même service, « exit » l'ancienne bibliothécaire responsable. Ensuite, cette cadre privilégie certains employés au détriment des autres. À Langelier, les employés lésés contribuent même à former les employés pistonnés par l'administration. Ensuite, et nous finirons sur cette note joyeuse, la cadre a entrepris des rénovations pour avoir un bureau à sa convenance, seillant à ses fonctions. Sachant les trops maigres budgets alloués aux bibliothèques, reconnaissons l'importance de tels travaux pour le maintient de la qualité des services offerts à la popultion.

Le bonheur ne dure jamais longtemps


En janvier dernier, l’arrondissement CDN tentait un coup de force: ouvrir les bibliothèques le dimanche de Pâques. Devant cette aberration, les représentants syndicaux de l’arrondissement firent savoir que la Convention collective prévoyait, dans l’annexe G, au point 1.06, que les bibliothèques devaient être fermées le jour de Pâques. Fin de la discussion.

Début mars. La mairesse de l’arrondissement du Bonheur durable (AH-CA), constatant que les bibliothèques de son arrondissement seraient fermées durant cette période, décide de leur ouverture au cours des jours fériés en ajoutant le jour de Pâques.

Ayant dépassé, et de loin, les délais permis pour imposer cette décision, l’affectation au travail devait se faire sur une base volontaire. Mais la perspective d’une ouverture la journée de Pâques a soulevé le même tollé de protestation qu’à CDN. Et on ressort l’Annexe G, point 1.06 de la convention.

Pour appuyer sa fin de nonrecevoir en ce qui a trait à cette ouverture pascale, le délégué syndical de la bibliothèque Salaberry s’empresse d’aller vérifier, sur le site Internet du SFMM, le libellé de la nouvelle Convention, signée à la fin février.

Et oups … voilà la surprise! La nouvelle Convention a amputé le fameux point 1.06 de l’Annexe G. Si CDN, en décidant en janvier l’ouverture à Pâques, avait pu être remis à sa place, voilà qu’en mars, AH/CA, le fief du Bonheur durable, pouvait se permettre de le faire sans que nous ayons le moindre recours puisque, dans la Loi régissant les normes minimales du travail, Pâques n’est pas considéré comme un jour férié. Probablement que le législateur croyait que cela allait de soit.

Lors de l’Assemblée extraordinaire du 29 janvier dernier, alors que l’on nous présentait les modifications apportées à la Convention, il n’a jamais été question de la disparition de ce point. Erreur … de jugement ou omission volontaire?

Toujours est-il que cette disparition entraînera pour nous quelques conséquences fâcheuses. En effet, le point 1.06 ne touchait pas seulement le congé de Pâques. Il traitait aussi de la période de Noël et de celle du Jour de l’An.


lundi 5 mai 2008

Humeur de K: Le bon élève

« Le problème avec l’idéologie dominante, c’est qu’elle domine. » (1)


De la discipline dans la classe.
Voilà le discours de notre Mario national et nous pouvons être fiers d’affirmer que nous l’assumons pleinement.

Nous savons bien que les fonctionnaires municipaux sont trop payés (surtout pour ce qu’ils appellent travailler).


Nous ne doutons pas une seconde que la Ville était d’une fermeté inébranlable pour faire respecter son « cadre financier » (la fermeté inébranlable est une constante à la Ville de Montréal).


Nous sommes émues par la volonté du maire de Montréal de faire savoir aux arrondissements qu’il fait de la conciliation travail-famille une de ses priorités (cet homme est la volonté incarnée et les arrondissements sont à ses pieds).


Nous avons foi en la transsubstantiation d’une hypothétique entente avec trois arrondissements en un accord avec les six autres (c’est expliqué dans le chapitre secret du « Secret »).


Nous sommes certains que l’arrivée d’étudiants (à 9.xx $/h.) n’aura pas d’impact sur les heures travaillées par les auxiliaires.

Nous sommes les premiers à nous montrer raisonnables, à faire
« preuve de beaucoup d'ouverture et d'une très grande maturité professionnelle pour en arriver à une entente respectueuse de la capacité de payer des citoyens ». Nous indiquons la voie de l’humilité aux autres syndiqués et notre leadership est reconnu par M. Frank Zampino en personne : « En mon nom personnel et de celui de l'ensemble des élus de Montréal, je tiens à les féliciter ».


Et surtout, surtout, nous n’écoutons pas les voyous qui veulent nous pousser à la grève, à la désobéissance civile, à l’anarchie, à la contestation de l’éclatant Soleil qui éclaire nos destinées syndicales. Nous ne laisserons pas le doute s'immiscer dans nos esprits. Nous ne nous laisserons pas entraîner du côté sombre de la convention.


Que la convention soit avec vous…
(1) Ma belle-sœur.