En tant qu’auxiliaires, la nouvelle convention nous a permis de progresser vers la parité avec les permanents. Nous devons nous en réjouir. Toutefois, ne perdons pas de vue que nous n’y sommes pas encore. Pour apprécier le chemin parcouru et évaluer celui qui reste à parcourir, le colvert publiera une série d’articles consacrés aux auxiliaires. Voici le premier :
De l’origine des auxiliaires [1] .
Lorsque j’ai commencé à travailler en bibliothèque, je croyais qu’il en allait des auxiliaires et des permanents comme il en va des chenilles et des papillons : j’étais convaincu que, de toute éternité, les permanents avaient d’abord été des précaires. Si erronée qu’elle fut, cette croyance m’aidait à accepter ma situation larvaire : elle était dans l’ordre des choses.
Ce n’est que plus tard que je découvris l’origine des auxiliaires.
Au commencement, Drapeau créa Terre des hommes. Et Drapeau dit que l’auxiliaire soit ! Et l’auxiliaire fut ! L’Exposition universelle de Montréal en 1967, avec son énorme succès, nécessita une embauche massive de personnel. Ces travailleurs furent, en quelque sorte, les premiers auxiliaires.
En juillet 1968, la ville congédia six cent d’entre eux. Ils eurent beau protester de leur sort : leur cause était perdue d’avance puisqu’ils n’étaient pas syndiqués !
Ensuite, en mai 1969, le Syndicat signa une convention dans laquelle l’embauche des auxiliaires était encadrée et restreinte. La ville ne pouvait dès lors en embaucher que s’il y avait surcroît de travail et que pour une durée temporaire. Ceux-ci n’étaient toujours pas syndiqués et demeuraient donc des travailleurs jetables. La ville comprit rapidement les économies que ces précaires allaient permettre. En 1975, Le Col Blanc rapportait que le taux d’auxiliaires s’élevait déjà à 10 % ou 15% dans certains bureaux.
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? En fait, ces premiers auxiliaires étaient dans une situation identique à celle de nos « étudiants » d’aujourd’hui. En effet, selon l’article sur le travail dévolu aux salariés de la dernière convention :
4.03c)L’Employeur peut utiliser, pour une période prédéterminée, les services d’un étudiant selon les dispositions prévues à l’alinéa 2.01 e).
Et que dis l’article 2.01e) ?
Étudiant : signifie tout employé embauché entre le 1er mai et le 15 septembre et qui doit retourner aux études à temps plein […]. L’étudiant n’est pas couvert par la présente convention collective […].
L’histoire serait-elle en train de se répéter ? Bien sûr, ces étudiants devront retourner aux études en septembre… Mais les premiers auxiliaires n’étaient-ils pas là pour une durée limité selon la convention de 1969?
[1] Les données historiques proviennent d’un article du Col Blanc : À la recherche de l auxiliaire perdu, Christian Houle, février 2000.