Pour juger d’un service public comme les bibliothèques, il y a au moins deux facteurs importants qu’il faut considérer : le service fourni et les conditions de travail de celles et ceux qui sont en première ligne (aides-bibliothécaires, techinienNes et bibliothécaires).
Un article récent[1], basé sur les normes des grandes villes canadiennes et le Diagnostic des bibliothèques municipales de l’Île de Montréal posé en 2005, commente la situation de la bibliothèque Le Prévost. En fonction de la population desservie (80 000 dans le cas de Le Prévost), selon les normes canadiennes, la bibliothèque n’atteint que :
· 33 % en termes d’espace;
· 54 % en termes de collection (la norme canadienne prévoit
· 36 % en ressources professionnelles;
· 38 % en ressources cléricales.
Conclusion évidente : manque d’espace, manque de livres et manque de ressources humaines. Voilà pour le service fourni par la Ville de Montréal et ses arrondissements.
En ce qui a trait aux conditions de travail de celles et ceux qui sont en première ligne, c’est-à-dire nous, nous n’avons qu’à comparer deux chiffres : alors que Le Prévost n’atteint qu’environ 54 % des normes canadiennes en termes de collection, les ressources humaines sont de beaucoup plus déficientes (36 % en ressources professionnelles et 38 % en ressources cléricales). Donc, pas assez de livres eu égard à la population desservie et pas assez de travailleuses et travailleurs par rapport au nombre de livres!
Si on ajoute le fait qu’en augmentant le nombre d’heures d’ouverture publique des bibliothèques, on a diminué le nombre d’heures de travail fournie pour chaque heure d’ouverture publique[2], cela n’augure pas une éventuelle atteinte des normes canadiennes, bien au contraire.
Et tout ça basé sur les chiffres tout ce qu’il y a de plus officiel de la Ville de Montréal!
Pourtant, chaque parti politique municipal prétend faire de la culture une de ses priorités, quand il prendra le pouvoir…
[1] L’arrondissement envisage l’agrandissement de la bibliothèque Le Prévost, Progrès de Villeray, 16 septembre 2007.
[2] Par exemple, à la bibliothèque Côte-des-Neiges, à la session automne 2003 (38 heures hebdomadaires d’ouverture publique), chaque heure d’ouverture publique impliquait 11,9 heures travaillées par les aides-bibliothécaires alors qu’à la session hiver 2007 (47 heures hebdomadaires d’ouverture publique), chaque heure d’ouverture publique impliquait 10,9 heures travaillées par les aides-bibliothécaires : une (1) heure de moins de travail pour chaque heure d’ouverture publique!